Après 16 ans passés à la tête de la Communauté interprofessionnelle des Vins Vaudois (CIVV), Gilles Cornut se retire de la présidence. C’est l’économiste Olivier Mark, horticulteur à ses débuts, qui reprend le flambeau.
Gilles Cornut, président partant, est un homme du sérail. Directeur technique et œnologue de la Cave de La Côte, ayant fait ses armes comme son palais chez Fonjallaz SA à Epesses, puis chez Bolle & Cie à Vufflens-le-Château, il est également vice-président de la Fédération Vaudoise des Vignerons (FVV), aux côtés de François Montet.
Durant ses 16 ans de présidence, Gilles Cornut a véritablement été la clé de voûte de la Communauté interprofessionnelle des Vins Vaudois. Il a beau avoir connu 3 conseillers et conseillères d’Etat, 3 présidents et 4 directeurs de l’OVV, il retire un sentiment mitigé des 16 années écoulées : « Le nombre de vignerons ne cesse de se réduire, les grandes enseignes d’encavage fusionnent, la grande distribution ne joue pas son rôle de partenaire. Le travail du vigneron est dévalorisé, nous avons perdu nos repères. J’en retire un sentiment de grande frustration, même si par ailleurs je me réjouis de la qualité de nos vins, d’une richesse et d’une diversité exceptionnelles ». Pour trouver de nouvelles solutions et redonner une marge de manœuvre aux producteurs, il fallait du sang neuf, un président plus indépendant disposant de connexions politiques efficaces, explique-t-il.
A 56 ans, Olivier Mark possède une trajectoire professionnelle solidement charpentée : avec un diplôme fédéral d’économiste d’entreprise, et plus récemment un master HES en Quality & Strategy Management, le nouveau président de la CIVV ne manque pas de galons. Ses racines avec la terre puisent dans le monde frais et coloré de l’horticulture qui l’a conduit de Clarens aux Pays-Bas, après un stage en Allemagne, et finalement à Yvorne, où Mark & Schlageter a été plus de dix ans leader suisse dans la culture florale.
A la fleur de l’âge, ses espoirs fanés par trop de libéralisation et de concurrence internationale, c’est comme économiste d’entreprise indépendant qu’Olivier Mark se réoriente. Il accompagne plusieurs PME pour leur certification ISO, en conseille d’autres pour leur stratégie et leur management, se penche sur l’innovation dans plusieurs filières agro-alimentaires romandes, siège au comité directeur de l’USAM et préside JardinSuisse, l’association des entrepreneurs.
Le nouveau président est fier d’avoir été élu. Mais il sait que son rôle sera difficile : « Je vois que les vignerons vivent ce qu’on a vécu dans l’horticulture il y a 15 ans. Les métiers de la terre se sont affaiblis. Or, il faut les défendre sans relâche, car ils sont cruciaux pour alimenter la population. Dans ce but, je veux trouver de nouvelles synergies, de nouveaux partenariats et travailler de concert avec tous les acteurs concernés. »
« Une humble fleur est le labeur des siècles », comme l’avait dit William Blake.