Les vignerons des six régions viti-vinicoles vaudoises, La Côte, Lavaux, Chablais, Côtes de l’Orbe, Bonvillars et Vully, ont vendangé cette année avec deux, voire trois semaines de retard sur les cinq dernières années. Face aux assauts du gel printanier, du mildiou, de la grêle ou encore des vols d’étourneaux, ils ont dû se battre sans relâche. Extrêmement variables, les rendements s’annoncent globalement à la baisse. Mais la qualité des raisins vendangés est bien au rendez-vous.
Certains ont commencé leurs vendanges la dernière semaine de septembre, d’autres ont attendu jusqu’à mi-octobre pour récolter leurs premières grappes. En retard, certes, par rapport aux dernières années, mais finalement dans la norme de ce que connaît historiquement le vignoble vaudois. Alors que toute l’année s’est déroulée en dents de scie, avec de belles périodes, mais aussi de sérieuses contrariétés météorologiques et biologiques, les cinq semaines radieuses des vendanges ont permis de regonfler les espoirs au fur et à mesure que les cuves se sont remplies de moûts de belle qualité. Des nuits fraîches, des journées chaudes et ensoleillées, de la bise – l’alliée du vigneron, dit-on… – pour sécher ce qu’il y avait d’eau en trop, et voilà un millésime 2021 qui se présente sous les meilleurs auspices.
La saison viti-vinicole ne s’oubliera pas de sitôt. Entre les épisodes de gel en avril, les fortes pluies en juin et juillet, entraînant une intense pression de mildiou, et la grêle venue anéantir les vignobles de Corcelles et de Concise le 24 juillet, 2021 restera dans les mémoires comme une année particulièrement compliquée. Avec, pour corollaire, l’exigence d’un travail aussi intense qu’harassant pour faire face aux difficultés successives.
Globalement, les quantités produites seront plus faibles, très souvent en-dessous des quotas fixés par le Canton. A titre d’exemple, le rendement de certaines parcelles a pu varier de 200 gr. à 1 kg au m2 pour les Chasselas, et pour les Pinots entre 700 et 800 gr. La Communauté Interprofessionnelle du Vin Vaudois (CIVV), prévoit que la production 2021 devrait atteindre 19,8 millions de litres, 66,5 % en vin blanc, 27,7 % en vin rouge et 5,7% en spécialités blanches – soit une baisse de 15,6 % par rapport à 2020.
Olivier Mark, tout nouveau président de la Communauté Interprofessionnelle du Vin Vaudois (CIVV) élu en décembre dernier, laisse percevoir un soupir de soulagement : « Après un début de saison compliqué par des conditions météorologiques ingrates, le retour du beau temps à partir de fin septembre a permis de vendanger dans d’excellentes conditions. Très encourageants, les sondages sont là pour laisser entrevoir un millésime de belle qualité, malgré les nombreuses complications ».
Soulagement partagé par François Montet, président de la Fédération Vaudoise des Vignerons (FVV) : « La saison viti-vinicole n’a finalement pas été aussi catastrophique qu’on s’y attendait, alors qu’elle a été de loin la plus difficile depuis longtemps. Les anciens vignerons, ceux de 80 ans ou plus, disent eux-mêmes qu’ils n’ont jamais connu d’année aussi compliquée. On a eu le gel au printemps, puis beaucoup de pluie de mi-juin à mi-juillet, entraînant une forte pression de mildiou, la grêle dans certaines régions, et pour finir de gros vols d’étourneaux. Même si les volumes sont inférieurs, de l’ordre de 10 à 15% pour les régions les moins impactées, le 2021 s’annonce comme un très bon millésime. On a rentré des Chasselas avec 77° Oechsle de moyenne, et des pinots à 100, voire plus, grâce à la météo favorable de septembre et octobre ».
Que faut-il attendre du millésime « vingt – vingt-et-un », lorsqu’il sera sous verre ? A La Côte, on se veut rassurant : il y a assez de sucre, pas besoin de corriger. Une belle année pour les rouges dit-on en Lavaux, avec de beaux résultats en Pinot noir, Gamaret et Garanoir. Dans le Chablais, on s’attend à des blancs plus vifs qu’en 2020, dotés d’une belle acidité qui en fera de parfaits vins d’apéritif. Sentiment partagé à Bonvillars : ce qu’il y a dans les cuves, ça tient bien la route. Dans les Côtes de l’Orbe comme dans le Vully, les vignerons attendent plus prudemment de voir ce qu’il ressortira des cuves avant de se prononcer.