Lausanne, le 13 octobre 2023 – Pour la deuxième année consécutive, la récolte de 2023 s’est montrée excellente. L’été a été chaud et sec, mais le raisin a remarquablement assimilé ces conditions. Après les rendements extraordinairement faibles de 2021 et la précocité historique de 2022, ces vendanges s’approchent de la perfection, tant en termes de qualité que de quantité.
Une lumière rasante et dorée, une atmosphère tempérée et équilibrée par d’agréables brises juste quand il faut, pas une goutte de pluie à l’horizon : l’été indien de ces dernières semaines a offert un contexte de vendanges idyllique et rarement vécu. Des journées placées sous le signe d’une apothéose pour un millésime proche de la perfection. Des qualificatifs trop élogieux ? Peu de domaines l’auraient effectivement parié ce printemps, lorsque certains se battaient contre des poussées de mildiou. Juste après, mais également très tôt dans la saison, l’oïdium a aussi donné quelques sueurs froides. Plus de peur que de mal et ce dans les six régions viticoles vaudoises : La Côte, Lavaux, Chablais, Côtes de l’Orbe, Bonvillars et Vully.
La récolte 2023 fait honneur à l’esprit vaudois qui privilégie le « ni trop, ni trop peu ». La Communauté Interprofessionnelle du Vin Vaudois (CIVV) prévoit que la production 2023 devrait atteindre près de 30 millions de litres, 72 % en vin blanc et 28 % en vin rouge – soit une augmentation de près de 3 millions de litres, 7,5 % par rapport à 2022 et près de 50 % comparé à la récolte historiquement basse de 2021.
Olivier Mark, président de la Communauté Interprofessionnelle du Vin Vaudois (CIVV) se voit rassuré par ces chiffres : « Dès le départ, les stocks étaient sains avec des quantités suffisantes, mais pas excédentaires. Cette belle récolte tombe à pic. Nous sommes tout heureux d’en promouvoir la vente, car, j’en suis convaincu, le vin vaudois n’a jamais été aussi bon. Espérons que malgré la baisse du pouvoir d’achat, les consommateurs auront le bon goût d’investir dans des produits régionaux et de qualité. Ces questions mises à part, s’il y a bien une année où nous pouvons nous enthousiasmer, c’est celle-là ! Le moment est idéal pour promouvoir et faire découvrir toute l’étendue du vin vaudois. »
Il faut dire qu’en plus d’une récolte exceptionnelle, l’année 2023 restera celle d’un plan de relance sans précédent pour les vins vaudois. « Grâce au plan de relance, toutes les régions viticoles vaudoises s’activent, et ça ne fait que commencer », se réjouit Olivier Mark. « Une chose est sure : il y aura assez de vin vaudois et nous sommes en train de concentrer nos forces pour le faire savoir ! »
Mais avant de penser à la vente, revenons à la production. Président de la Fédération Vigneronne Vaudoise (FVV), François Montet rejoint le beau bilan de la CIVV : « Ce millésime se montre qualitativement magnifique, tant pour les blancs que les rouges. Les raisins sont sains, l’année fut calme sur le plan phytosanitaire, avec environ sept traitements annuels, un peu comme en 2022. Vous pouvez poser la question à n’importe quel vigneron, ils seront tous d’accord de signer pour une prochaine année de cet acabit. »
Alors que les températures sont montées très haut, la date de début des vendanges reste dans la moyenne, contrairement à la précocité historique de 2022. Comment l’expliquer ? « La chaleur du printemps fait la précocité et la chaleur de l’été fait la qualité », résume François Montet. Quid de la sécheresse ? « Certaines parcelles ont reçu plus de pluie qu’en 2022 et d’autres moins. En tout cas, nous n’avons pas vécu d’accident climatique, ni gel, ni grêle. » En ce qui concerne les taux de sucre, les sondages se situent un peu en dessous par rapport à 2022. L’une des raisons réside dans la chaleur des nuits estivales. Elles empêchent la plante de bloquer son métabolisme et, en absence de lumière, celle-ci utilise une partie des sucres produits pendant la journée.
Pour continuer sur un bilan presque parfait, une rare homogénéité a rassemblé les régions viticoles vaudoises. Dans le Vully, les vigneronnes et vignerons attendaient la pluie de pied ferme, mais c’était le cas dans tout le canton. Les précipitations de fin août ont provoqué un grand « ouf ! ». Quant à La Côte, elle présentait d’étonnantes différences d’une parcelle à l’autre en matière de sécheresse. Un vigneron de la région confesse même trouver les baies encore plus petites qu’en 2022, ce qui n’est pas forcément un mal pour concentrer les arômes et maîtriser les rendements. Toujours dans cette région, les attaques d’oïdium semblent avoir été plus virulentes qu’ailleurs avec parfois jusqu’à douze traitements nécessaires pour les enrayer. « L’oïdium touche surtout le chardonnay et le sylvaner, précise François Montet. Deux cépages un peu moins présents dans le canton de Vaud que dans le reste de la Suisse. »