Innovant et fédérateur, le projet Yvorne Grandeur Nature passe à la vitesse supérieure avec la signature par l’immense majorité des producteurs de vins de l’appellation d’un cahier des charges de développement durable. La démarche vise une viticulture respectueuse de l’environnement, avec des méthodes de culture qui multiplient la biodiversité des plantes et des animaux. Elle bénéficie du soutien financier de la Fondation MAVA et des experts de la Haute École spécialisée de Changins qui siègent dans un comité scientifique.
Imaginé il y a quatre ans par Philippe Gex, du Domaine de la Pierre Latine, et son nouveau propriétaire, André Hoffmann, Yvorne Grandeur Nature (YGN) veut transformer les cinq cents parcelles de l’appellation en modèle de développement durable, respectueuse de la nature, de sa flore, de sa faune et de ses habitants. Il ne s’agit pas uniquement de cultiver en mode bio mais bien de tenir compte de l’entier de l’écosystème qui entoure le vignoble, des forêts aux cours d’eau, des animaux aux humains.
Le marché est en quête de sens, particulièrement dans le segment des vins correctement payés où évoluent les crus suisses. Les acheteurs veulent de la qualité mais aussi l’assurance que l’histoire que le vin raconte est authentique, honnête, respectueuse. Cette clientèle jeune, urbaine, idéaliste ne peut qu’être séduite par une appellation entièrement soucieuse de développement durable.
L’association fondée en novembre 2019 a d’abord mandaté le biologiste Raymont Delarze, du Bureau d’études biologiques à Aigle, pour réaliser une étude et un inventaire de l’écosystème vuargnéran où vivent 384 espèces de fleurs dans le vignoble, de multiples espèces d’oiseaux, des insectes, des papillons, des reptiles, dont plusieurs sur la liste rouge nationale des espèces menacées. Pour le biologiste, le «milieu est à la fois très riche et à la fois très menacé». Depuis, le scientifique suit le projet comme conseiller au sein du comité de spécialistes.
Il a fallu ensuite imaginer comment convaincre les quelque 150 vignerons de l’appellation à adhérer au projet, dans une démarche progressive mais contraignante. Avec l’aide de la HES-SO de Changins, un cahier des charges très précis a été rédigé en 22 points. Pour chacun d’eux, trois types de mesure sont proposées, une mesure de base, une intermédiaire et une avancée. L’exploitant est tenu à suivre les premières en 2022 déjà, et de choisir également une mesure intermédiaire. Il a droit à un joker.
De son côté, la HES-SO de Changins cartographie le vignoble d’Yvorne pour y noter le potentiel de mécanisation, le régime hydrique et azoté, le potentiel de stockage du carbone organique, le potentiel de biodiversité végétale et animale, le risque d’érosion et les transmissions de produits phytosanitaires.
L’école participe également à la création du label Yvorne Grandeur Nature et à l’étude des levures indigènes présentes sur le territoire et les caves d’Yvorne.
Développement de la biodiversité, stratégie phytosanitaire, gestion des ressources en eau, durabilité socio-économique, mesures de formation continue sont autant de thèmes que suivra le projet au cours des prochaines années. Parce que produire du vin est une chose, protéger la population, les vignerons comme les soucis des champs, les orlayas à grandes fleurs, les bruants zizi, les linottes mélodieuses, les papillons azurés porte-queue ou le célèbre lézard vert local, c’est encore mieux.
Renseignements complémentaires :
Philippe Gex, président d’Yvorne Grandeur Nature, 024 466 51 16